Algues vertes en Bretagne : la justice condamne l’État

L’État a été condamné ce mardi 24 juin par la cour administrative d’appel de Nantes à indemniser partiellement la famille d’un joggeur mort en 2016 dans une vasière envahie d’algues vertes, à Hillion dans les Côtes-d’Armor. Une première judiciaire.

Il est parti courir, et n’est jamais revenu. Cette histoire, c’est celle de Jean-René Auffray, 50 ans. L’homme disparaît un jour de septembre 2016. Son corps est retrouvé dans la vase de l’estuaire du Gouessant, en baie de Saint-Brieuc. Il aurait tenté de secourir son chien. Un secteur connu pour ses marées vertes.

La scène interpelle. L’homme est un traileur expérimenté. Les associations écologistes, elles, pointent du doigt les algues vertes. En se décomposant, elles libèrent un gaz toxique : le sulfure d’hydrogène (H₂S), mortel à forte dose.

Une responsabilité d’État

Ce mardi 24 juin 2025, la cour administrative d’appel de Nantes condamne l’État. Une première. La justice reconnaît sa faute : ne pas avoir correctement appliqué les règles de protection de l’eau contre la pollution agricole, à l’origine des algues vertes.

"La pollution par les nitrates est la cause principale de la prolifération", souligne la cour dans un communiqué.

En clair : l’État a trop peu agi pour limiter les engrais azotés et les déjections issues de l’élevage.

Une mort brutale

L’autopsie révèle un œdème pulmonaire massif. "Il ne pouvait s’expliquer autrement que par une intoxication à l’hydrogène sulfuré", tranche la cour.

277 343 euros seront versés à sa femme, 15 000 euros à chacun de ses trois enfants, et 9 000 euros à son frère. Mais l’État ne porte que 60% de responsabilité : la cour estime que le joggeur a pris un risque en s’aventurant dans cette zone.

Un film pour comprendre

Si vous voulez mieux comprendre cette affaire, le film Les Algues vertes, sorti en 2023 et réalisé par Pierre Jolivet, raconte l’enquête journalistique d’Inès Léraud sur ce scandale sanitaire breton. Une plongée glaçante dans les silences d’État et les pressions agricoles.

Contexte 

Depuis les années 70, des tonnes d’algues vertes s’échouent sur les plages bretonnes. En 2021, la Cour des comptes indiquait que cette prolifération est à plus de 90% d’origine agricole. En mars dernier, le tribunal administratif de Rennes a ordonné au préfet de renforcer la lutte contre les nitrates.

- Avec AFP -